# Investissement étranger dans l'armement : Un champ de mines réglementaire ou une opportunité stratégique ? Bonjour à tous, je suis Maître Liu de Jiaxi Fiscal. Avec 12 ans d'accompagnement des entreprises étrangères en Chine et 14 ans d'expérience dans les procédures d'enregistrement, j'ai vu défiler nombre de dossiers complexes. Aujourd'hui, je souhaite aborder avec vous une question qui revient souvent, en marge des discussions, mais qui est d'une brûlante actualité : **La R&D, la production et la fabrication d'armements sont-elles interdites aux capitaux étrangers ?** Cette interrogation n'est pas qu'académique ; elle touche au cœur de la souveraineté nationale, de la sécurité technologique et des stratégies d'investissement international. L'article que nous analysons aujourd'hui plonge au cœur de ce sujet sensible, démêlant l'écheveau des réglementations, des interdits et des possibles. Pour un investisseur, comprendre ces lignes rouges n'est pas une option, c'est une nécessité absolue avant même d'envisager le moindre chiffre d'affaires. Alors, installez-vous confortablement, et laissez-moi vous guider à travers ce paysage réglementaire aussi fascinant que périlleux.

Le Cadre Légal

Pour commencer, il faut bien comprendre que le secteur de la défense n'est pas un marché comme les autres. Il est régi par des textes fondamentaux qui placent la sécurité nationale au-dessus de toute considération économique. En Chine, la Loi sur la gestion des armes et équipements de défense nationale et le Catalogue des Industries à Accès Restreint ou Interdit aux Investissements Étrangers (souvent appelé "Liste Négative") constituent la bible en la matière. Ces documents ne laissent aucune place à l'ambiguïté : les activités clés liées aux armes et équipements militaires, notamment leur recherche, développement, production et maintenance, sont strictement interdites aux capitaux étrangers, sous quelque forme que ce soit. Ce n'est pas une question de protectionnisme économique au sens classique, mais bien une barrière souveraine. Je me souviens d'un client, il y a quelques années, une joint-venture européenne très enthousiaste qui envisageait une collaboration technologique dans un domaine adjacent aux matériaux composites. Après une analyse minutieuse, nous avons dû les alerter que certaines spécifications de leur produit "civil" frôlaient des applications militaires listées. Le dossier a été stoppé net. La leçon est claire : la première étape est une analyse juridique préliminaire extrêmement fine. On ne s'aventure pas ici sans une cartographie précise des interdits.

Au-delà des textes nationaux, il faut aussi considérer les réglementations internationales, comme les régimes de contrôle des exportations de technologies à double usage (le Wassenaar Arrangement par exemple). Une entreprise étrangère impliquée, même indirectement, pourrait voir ses activités entravées par son propre pays d'origine. C'est un jeu d'échecs à plusieurs niveaux. La notion de "contrôleur effectif" est également cruciale. Même si une structure d'investissement semble conforme en surface, les autorités scrutent la chaîne de contrôle réelle pour s'assurer qu'aucune influence étrangère ne puisse s'exercer sur des actifs sensibles. C'est un point sur lequel les autorités d'enregistrement sont devenues hyper-vigilantes, et les montages financiers opaques ne passent plus.

La Zone Grise

Mais alors, tout est-il fermé ? Pas tout à fait. C'est là que les choses deviennent intéressantes pour l'investisseur avisé. La vraie question n'est pas tant "puis-je investir dans les chars d'assaut ?" – la réponse est non – mais "où s'arrête exactement le domaine militaire et où commence le domaine civil ou dual ?". La frontière est de plus en plus floue avec les technologies dites de pointe : l'intelligence artificielle, la cybersécurité, les drones, les satellites, les matériaux avancés. Prenons l'exemple des drones. Un drone de surveillance agricole et un drone de reconnaissance militaire peuvent partager 80% de leur technologie de base. Le Catalogue évolue régulièrement pour tenter de suivre ces innovations, mais il existe toujours un décalage. Pour les entreprises étrangères, l'opportunité réside souvent dans les composants, les matériaux ou les logiciels en amont, à condition que l'application finale soit clairement civile et que des garanties contractuelles solides soient mises en place pour éviter tout détournement.

J'ai accompagné une société américaine spécialisée dans les capteurs haute précision. Leur produit avait des applications évidentes en météorologie et en gestion du trafic aérien, mais aussi un potentiel militaire. Le dossier a été long et complexe. Nous avons dû construire un argumentaire solide, avec des engagements de l'entreprise sur la limitation des spécifications techniques, des clauses de contrôle d'utilisation finale dans les contrats, et une transparence totale sur la chaîne d'approvisionnement. Au final, l'investissement a été autorisé, mais sous conditions strictes et avec une surveillance renforcée. Cela montre que le dialogue avec les autorités est possible, mais il doit être fondé sur une compréhension profonde des enjeux de sécurité.

Les Coopérations Indirectes

Une autre piste, plus subtile, concerne les coopérations indirectes. Plutôt que de viser le cœur de la production d'armement, certaines entreprises se positionnent sur des services adjacents : la logistique, la maintenance non critique, la formation sur simulateurs, ou le développement de technologies génériques qui pourront, à terme, être adoptées par le secteur de la défense nationale. Il s'agit d'une stratégie de long terme, basée sur l'établissement d'une relation de confiance et d'un savoir-faire reconnu. L'État encourage les innovations technologiques civiles qui peuvent renforcer à terme la base industrielle et technologique de défense, sans pour autant ouvrir le capital des entreprises d'État dédiées.

Dans ce contexte, le concept de mobilisation civile pour la défense est important. Il désigne la capacité à intégrer des ressources et des capacités industrielles civiles en cas de besoin national. Une entreprise étrangère, même avec un capital minoritaire dans une entité civile performante, pourrait indirectement contribuer à cet écosystème. C'est un angle souvent négligé mais qui peut valoriser un investissement aux yeux des planificateurs nationaux. Bien sûr, cela nécessite une grande prudence dans la communication et une parfaite conformité à toutes les règles de contrôle des exportations.

Les Risques Opérationnels

Pour l'investisseur étranger, les risques vont bien au-delà du simple refus d'autorisation. Le premier risque est réputationnel. Être associé, même à tort, à des tentatives d'infiltration dans un secteur sensible peut avoir des conséquences désastreuses sur l'ensemble des activités en Chine et à l'international. Le second risque est juridique et pénal. Les infractions sont sévèrement punies. Le troisième risque est opérationnel : même une joint-venture autorisée dans un domaine périphérique sera soumise à des contrôles stricts, des audits fréquents et des restrictions potentielles sur l'accès aux données, aux sites et aux personnels. La fluidité des opérations en pâtit forcément.

Je pense à un cas où une coentreprise sino-étrangère dans le domaine des communications par satellite avait obtenu toutes les autorisations. Pourtant, ils ont rencontré des difficultés incessantes pour obtenir les licences d'importation de certains composants spécifiques, bloqués par les comités de sécurité. Le projet a fini par stagner, non par manque de marché, mais à cause de ces friction administratives continues. C'est un rappel cruel que l'autorisation initiale n'est que la première étape d'un parcours semé d'embûches. La gestion des attentes et la planification des ressources pour faire face à ces lourdeurs administratives sont essentielles.

Perspectives d'Évolution

À moyen et long terme, la tendance est à un resserrement plutôt qu'à un assouplissement. Les tensions géopolitiques et la course aux technologies stratégiques (IA, quantique, hypersonique) conduisent tous les grands pays, pas seulement la Chine, à renforcer le contrôle sur leurs industries de défense. Cependant, l'évolution pourrait se faire sur deux axes. D'une part, une clarification et une mise à jour plus fréquente des listes d'interdictions, pour réduire les zones d'incertitude qui nuisent aussi à l'innovation nationale. D'autre part, le développement de canaux de coopération technologique "protégés", par exemple via des fonds d'investissement spécialisés où l'État garde un contrôle d'or sur les décisions sensibles, tout en attirant des capitaux et des compétences externes.

La R&D, la production et la fabrication d'armements sont-elles interdites aux capitaux étrangers ?

Mon opinion personnelle, forgée par ces années de terrain, est que la clé pour les entreprises étrangères ne réside pas dans la recherche de failles, mais dans la construction d'un partenariat transparent et mutuellement bénéfique sur des sujets non sensibles, contribuant ainsi à l'écosystème industriel global. La confiance se gagne sur la durée. Les investisseurs doivent adopter une vision très stratégique, accepter des rendements peut-être plus modestes sur ces segments, et voir leur participation comme un levier pour accéder à d'autres marchés civils de haute technologie en Chine. La question n'est donc plus "comment entrer dans l'armement ?", mais "comment, en restant clairement en dehors, mon expertise peut-elle servir le développement industriel national dans son ensemble ?".

## Conclusion En résumé, la réponse à la question initiale **« La R&D, la production et la fabrication d'armements sont-elles interdites aux capitaux étrangers ? »** est un « oui » catégorique et sans équivoque pour les activités cœur. Le cadre légal chinois est extrêmement strict et protecteur de sa souveraineté en la matière. Cependant, comme nous l'avons exploré sous différents angles – le cadre légal, les zones grises des technologies duales, les coopérations indirectes, les risques opérationnels et les perspectives d'évolution –, le tableau n'est pas entièrement noir. Des opportunités existent en périphérie, dans les technologies civiles de pointe qui renforcent la base industrielle, mais elles exigent une diligence raisonnable exceptionnelle, une patience à toute épreuve et une volonté de s'engager dans un dialogue complexe avec les autorités. L'objectif de cet article était de fournir aux investisseurs une cartographie réaliste de ce champ de mines réglementaire. Son importance est cruciale : une méconnaissance peut conduire à des échecs coûteux, voire à des conséquences légales graves. Pour le futur, je vois une professionnalisation accrue des deux côtés. Les autorites affinent leurs outils de contrôle, et les investisseurs doivent, en retour, développer une expertise pointue en compliance sectorielle. La suggestion est donc de constituer une équipe pluridisciplinaire (juristes, experts techniques, consultants en stratégie) avant même d'esquisser un projet dans un domaine adjacent. La transparence et la prudence seront toujours vos meilleurs atouts dans ce domaine hautement sensible. --- ### Le point de vue de Jiaxi Fiscal Chez Jiaxi Fiscal, avec notre expérience cumulative au service des entreprises étrangères, nous considérons la question de l'investissement dans les secteurs sensibles comme l'armement sous l'angle de la **gestion stratégique du risque souverain**. Notre perspective est pragmatique : il ne s'agit pas de décourager l'investissement, mais de le canaliser vers des zones où il peut créer de la valeur durable et conforme aux règles. Nous voyons une nette tendance des investisseurs éclairés à abandonner les approches frontales pour privilégier des stratégies de **contribution à la chaîne de valeur technologique civile**. Par exemple, un investissement dans une usine de composites avancés pour l'aéronautique commerciale aura un profil de risque bien différent et plus gérable qu'une tentative d'entrer dans la fabrication d'équipements militaires spécifiques. Notre rôle est d'anticiper les points de friction réglementaire et de construire, avec nos clients, des dossiers qui démontrent non seulement la conformité, mais aussi l'apport positif au développement industriel national dans un cadre sécurisé. Nous insistons particulièrement sur la phase de due diligence préalable, qui doit inclure une analyse fine du Catalogue et des consultations informelles avec les instances concernées. L'expérience nous a montré qu'un dossier bien préparé, qui reconnaît et traite proactivement les préoccupations de sécurité nationale, a une bien meilleure probabilité de succès, même dans des zones périphériques complexes. En définitive, notre perspective est que la clarté et le respect des lignes rouges sont les fondements de toute relation d'affaires pérenne en Chine, particulièrement dans des domaines aussi critiques.